Les musiciens professionnels se divisent en deux catégories : les gens qui ont appris la musique à l’oreille, et les gens qui ont appris à lire des partitions. Evidemment, dans l’idéal, un musicien complet devra être à l’aise pour jouer un morceau avec ou sans partition. Mais, si l’on simplifie, les musiciens que nous écoutons ont démarré leur apprentissage principalement grâce à leurs propres transcriptions, ou dans une école.

Grâce à Internet, les guitaristes amateurs apprennent quant à eux des morceaux via des tablatures. Depuis peu on voit aussi des vidéos YouTube avec la tablature en sous-titre, ce qui revient au même. Dans un cas comme dans l’autre, les notes sont servies sur un plateau d’argent, dans une notation simplifiée, sans que l’oreille n’ait à travailler.

L’oreille ne travaille pas quand on lit une tablature

Et c’est bien là tout le problème. Jouer le morceau sans que l’oreille n’ait à s’impliquer ne permet pas de s’imprégner de la musique. Une relation immédiate aux notes se créée, ce qui ne favorise pas le développement des compétences musicales, et empêchera le guitariste concerné de jouer des morceaux pour lesquels il n’a pas trouvé de tablature.

Certains me rétorqueront peut-être que la tablature étant approximative, l’oreille doit être active pour que le placement soit bon, ou pour identifier les éventuelles erreurs. Je suis entièrement d’accord. On pourrait aussi dire que la tablature étant une forme écrite, c’est aux partitions (plutôt qu’à l’oreille) qu’il faut la comparer si l’on veut être juste.

Comparée à la partition, la tablature est approximative

Justement, faisons-le. La notation de la musique utilisée sur les partitions est extrêmement précise. Elle permet d’exprimer la musique de Chopin, Beethoven, Rachmaninov, etc. Les enfants qui apprenent un instrument au conservatoire l’étudient pendant des années. Ils savent non seulement identifier les notes en un coup d’œil, mais aussi taper le rythme des mains, même pour des morceaux qu’ils ne connaissent pas !

Pour les tablatures, en revanche, l’apprentissage est beaucoup plus rapide. D’ailleurs, il n’y a pas vraiment de notation arrêtée. On est dans le domaine du flou, du cas par cas, de l’arbitraire.

On voit certes parfois des tablatures qui indiquent le rythme, elles se servent alors de la notation que l’on retrouve sur les partitions. Mais à mon sens leur intérêt est moindre. A l’exception des guitaristes classiques, la grande majorité des guitaristes ne connaît pas ces signes. Pour les comprendre, il faut les avoir étudiés et beaucoup pratiqués.

Que faire ?

Je suggère donc aux guitaristes d’étudier le rythme. Si vous avez l’impression que vous stagnez, si vous avez des problèmes à garder un tempo, si vous avez des problèmes de précision, si vous ne groovez pas, alors cette piste vous apportera des bases solides.

Pour être vraiment à l’aise, vous devez être capable de décomposer rythmiquement les plans que vous jouez. Vous pouvez certes le faire à l’oreille – mais je recommande plutôt d’aller au plus efficace, c’est-à-dire d’étudier la notation rythmique classique. Vous n’aurez pas à réinventer la roue et pourrez utiliser le même vocabulaire que les autres musiciens.

J’utilise à cet effet le logiciel Ear Master. Il propose plusieurs chapitres, dont des exercices de rythme, que vous devez taper sur votre clavier ou votre souris, et que l’ordinateur corrige si nécessaire. Les exercices sont progressifs et correspondent à un cursus complet. Le logiciel est disponible en français.

Bannière EarMaster

Conclusion

Vous devez avoir des fondations très solides pour votre jeu, et la rythmique en fait partie. Faire de l’à peu près vous amènera à stagner, à vous frustrer, pour certains à arrêter l’instrument. Ou alors, comme moi il y a quelques années, à ce que vos lacunes, accentuées par le stress, se dévoilent au pire moment, en concert devant plusieurs centaines personnes…

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