Je ne suis pas professeur de chant, ce que je vais dire ici fonctionne très bien dans mon cas, mais est peut-être contreproductif dans le vôtre. Si votre projet est de chanter un genre comme l’opéra, il est évident qu’il vous faudra travailler votre voix de manière plus approfondie que ce que je vais décrire. Pour ma part, voici le genre de chant qui me plaît :

Un registre très minimaliste, donc. Malgré cela, il est certain que n’importe quel bon chanteur, ou joueur d’instrument à vent, est capable de réaliser l’exercice que je vais présenter. C’est un fondamental sans lequel on ne peut que chanter faux.

On peut bien entendu arriver à chanter juste de manière indirecte, à force de travail sur d’autres d’exercices et/ou grâce à des prédispositions naturelles plus fortes que les miennes, mais l’objectif ici est d’aller au plus efficace. Car, même avec la bonne méthode, cela prend des mois.

Ma situation

Tous les professeurs de chant que j’ai connus m’ont toujours proposé de travailler des exercices, souvent d’ailleurs des pages d’exercices. J’étais au courant dès le départ que certains artistes que j’apprécie ne s’échauffaient pas du tout ni ne faisaient aucun exercice vocal, mais je me disais que, précisément, c’étaient des artistes, et donc qu’ils n’étaient pas sérieux sur ces questions.

Progresser au chant revenait donc pour moi à travailler des dizaines de minutes plusieurs fois par semaine des arpèges, mouvements, étirements, etc. A la fin de ces derniers, je considérais que j’étais échauffé, et enfin je m’accordais le droit de chanter des morceaux qui me plaisaient.

J’ai fait cela pendant des années… A la fin desquelles, je ne pouvais toujours pas chanter Joyeux anniversaire proprement… Il y a quelques temps, suite à un cours avec une pianiste et chanteuse de jazz américaine, qui m’a encouragé à moins me compliquer la vie, j’ai une première fois déchiré ces feuilles d’exercices.

Mais je n’avais pas la connaissance que j’ai désormais, et je suis, faute de mieux, revenu par la suite à la seule chose que je savais faire, les exercices qu’on m’avait donnés, bien qu’ils n’aient donné aucun résultat. Ils n’en ont pas donné alors non plus, ou alors de manière très indirecte.

L’exercice

Le problème fondamental que chaque chanteur doit résoudre est la justesse. La précision nécessaire pour qu’un chanteur sonne bien, quel que soit le morceau, est très au-dessus de la moyenne et ne s’acquiert pas par hasard. Pour chanter juste, il faut :

  • bien attaquer la note,
  • être capable de la tenir proprement.

Et c’est précisément ce que je fais désormais. Je chante des notes longues et je me concentre sur la justesse, la détente, l’efficacité. Cet exercice n’exige pas de chanter fort, ne donne pas l’impression que grand chose ne se passe. Mais le pratiquer régulièrement permet à notre instrument de paraître accordé comme un instrument électronique. Et ça, c’est vraiment la base.

Ce qu’il se passe lorsqu’on fait cet exercice, c’est que les différents muscles impliqués dans la production de la voix se développent et apprennent à se coordonner pour produire des notes pures. Il est en réalité naturel pour toute personne qui ne chante pas de produire des notes instables avec des attaques imprécises. Seul le chanteur, comme un danseur, dompte son corps de manière à obtenir un résultat esthétique. C’est précisément l’objectif ici.

Si vous doutez encore de mon analyse, je vous propose d’écouter Camille Bertault, meilleure chanteuse jazz francophone du moment, vous donner son avis sur la question. C’est elle (entre autres) qui m’a mis sur la bonne voie. Elle en parle en portuguais lors d’un entretien avec Nelson Faria. Voici une traduction :

Pour ma routine quotidienne, il me faut un piano, ou alors une appli avec un clavier, quand je voyage. J’en suis arrivée à la conclusion peut-être très simple, voire stupide, mais néanmoins vraie : je pense que la voix, c’est des cordes (vocales). Par conséquent, comme avec une guitare, il faut l’accorder tous, les, jours. Et donc je chante toutes les voyelles, note par note – c’est très rébarbatif mais ça aide énormément. Les gens s’imaginent qu’il faut faire des exercices compliqués, mais ce n’est pas vrai. Faire ne serait-ce que cet exercice est déjà incroyable. De la note la plus grave à la plus aiguë. Il faut être honnête avec soi-même : avoir un son clair, précis. Il ne faut évidemment pas faire cet exercice la tête en l’air.

Conclusion

J’espère épargner à d’autres le chemin de croix qui aura été le mien avant d’arriver à cette compréhension. Ou peut-être était-ce un cheminement nécessaire… Dans tous les cas, je me devais de partager ces informations car trop peu en parlent, et je ne comprends absolument pas pourquoi. Je ne vois aucun intérêt à apprendre à travailler notes aiguës, effets sur la voix, vibrato, etc. quand la justesse n’est pas un acquis.

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