Aujourd’hui, je voudrais partager avec vous une très belle phrase d’Andrés Segovia, guitariste classique décisif du siècle passé, avant lequel on ne jouait pas ou très peu de musique classique à la guitare.

Je ne joue pas de musique classique moi-même, mais cette phrase, tirée d’un documentaire sur le guitariste espagnol, m’a énormément plu, et est valable pour toutes les guitares. Au détour d’une question, Segovia nous rappelle la nature véritable de cet instrument que l’on a tous les jours entre les mains. Il dit :

La guitare est un assemblage de bois si divers que c’est une espèce de fôret miniature.

Cette phrase m’a particulièrement frappé car, depuis quelques semaines, je vois régulièrement un luthier qui est en train de concevoir une guitare prototype pour moi, pour laquelle il me propose des bois “alternatifs”, ce qui m’a poussé à comprendre ce que sont les bois dits traditionnels, pour la première fois de ma vie.

Dans une guitare classique, on trouve, en effet :

  • du palissandre, généralement indien, pour le fond et les éclisses (les côtés)
  • de l’épicéa ou cèdre pour la table d’harmonie : l’épicéa, plus clair, est aussi réputé plus exigeant d’un point de vue technique de jeu, et met plus de temps à se développer
  • de l’ébène pour la touche car c’est un bois très dense

Ce luthier m’a d’ailleurs montré, comme en cuisine, l’importance d’avoir d’excellents ingrédients de base. Il s’est saisi d’une planche destinée à devenir la table d’harmonie d’une guitare, a donné un coup avec le pouce sur cette dernière, et m’a fait entendre la manière dont cela résonnait, en m’expliquant que “déjà là c’est de la musique”.

La contrainte environnementale

J’ai parlé plus haut du palissandre indien. En réalité, le palissandre le plus prisé est le palissandre brésilien. Mais, de nos jours, ce dernier est protégé, et, même s’il est toujours possible de trouver un luthier qui en possède et puisse construire une guitare avec, d’une part cela coûte cher, et, d’autre part, un contrôle (lors d’un passage à une douane par exemple) pourrait aboutir à ce que votre instrument soit saisi et tout simplement détruit.

C’est un jeu auquel j’ai décidé de ne pas me risquer, en préférant plutôt des bois utilisés moins fréquemment, mais dont beaucoup pensent qu’ils ont des qualités similaires aux bons palissandres, comme le cocobolo ou le padouk.

Conclusion

Bref, vous aurez certainement compris par mes remarques que je n’ai pas beaucoup d’expérience en lutherie ! Mais j’espère vous avoir donné envie d’entamer des recherches sur la composition de vos instruments. Tout ce qui touche de près ou de loin à la musique devrait nous intéresser, afin de développer la vision la plus complète possible de notre passion.

Et ce sujet des essences de bois en particulier permet à l’imagination de développer un monde d’une poésie extraordinaire. Inde, Brésil, Afrique, Canada, Suisse, etc. : votre guitare est un mélange de bois issus de plusieurs pays dans différentes proportions, à vous de découvrir ce que les forêts de ces différents pays vous inspirent, et quels liens possibles peuvent être faits avec votre répertoire. Grâce à cet exercice, vous développerez une relation particulière avec chacun de vos instruments, ce qui infusera à long terme de très subtiles couleurs dans votre jeu.

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