Cet article est la traduction d’un article fleuve écrit par Allen Mathews, guitariste classique et auteur de The Classical Guitar Shed, cours complet de guitare classique en anglais. Cet article m’a énormément aidé et c’est la raison pour laquelle j’ai proposé à Allen de le traduire, ce qu’il a accepté. L’article inclut aussi une vidéo YouTube qui est un résumé de l’article, mais que je n’ai pas traduite.

Comment tenir cet engin de malheur correctement ?

C’est une question qui paraît simple, trop simple peut-être, mais la réalité est que, pour jouer de la guitare avec une bonne posture, il y a plus de détails à maîtriser qu’il n’y paraît au premier abord.

S’asseoir correctement avec une guitare dans les mains est en réalité autant une question de technique que faire des gammes ou des arpèges. On pourrait même dire que c’est la fondation sur laquelle tout le reste se construit.

S’asseoir correctement avec une guitare dans les mains est en réalité autant une question de technique que faire des gammes ou des arpèges.

Tenir une guitare, c’est utiliser son corps. Tout d’abord, s’asseoir correctement (à l’aide de quelques principes de base), puis ajouter la guitare à l’équation. Cet article s’intéressera en détails à ces deux questions, et citera aussi ce qu’il faut éviter, ainsi que rechercher.

Cette page n’est pas destinée à être lue d’une traite. La partie la plus importante est probablement celle qui concerne les erreurs à ne pas commettre.

Avec le temps vous reviendrez peut-être à certaines sections de cette page afin de trouver réponse à de nouvelles questions, ou afin d’aller plus loin dans le détail sur certains points. Si le sujet vous intéresse, je vous invite à relire cette page régulièrement, afin de voir si vous comprenez un point d’une manière différente, ou si vous avez un déclic avec une partie que vous n’aviez pas du tout considérée jusque-là.

Notes préliminaires

Plutôt que de simplement imiter la position de quelqu’un qui est bien assis, il est utile de comprendre les principes qui régissent les mouvements d’un guitariste, et de chercher à améliorer votre position afin de vous rapprocher progressivement mais sûrement de ces mouvements idéaux.

Votre compréhension évoluera avec le temps et l’expérience. Grâce aux règles décrites ci-dessous, vous pourrez commencer à explorer la manière dont votre corps répartit son poids et réagit à différentes situations.

Vous vous rendrez alors compte que ne rien faire d’autre que varier votre position assise et la manière de tenir votre guitare est un sujet vaste et digne d’être exploré.

Tenir une guitare, c’est utiliser son corps.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, intéressons-nous d’abord aux paramètres de base.

Choisir la bonne chaise

Il n’est pas toujours possible d’avoir une chaise idéale à disposition, mais il reste néanmoins important de savoir quelles chaises sont préférables.

Dure ou molle ?

Dans l’idéal, assez dure. Les chaise rembourrées, les bords de lit, les canapés ou toutes ces chaises design qui n’offrent aucune résistance sont à proscrire.

Il faut être en mesure de sentir le contact de son ossature avec la chaise, ce que les coussins confortables ne permettent pas.

Si nécessaire, vous pouvez toujours ajouter un coussin peu épais ou une serviette pliée en deux.

(Il n’est pas impossible que la dureté de la chaise vous amène à faire des pauses fréquentes afin de vous lever et de décompresser. C’est une bonne chose !)

Avec ou sans dossier ?

Cela ne change pas grand chose. Quand vous jouez, vous ne devez pas vous appuyer contre le dossier. Mais le dossier peut néanmoins être utile pour se reposer lors de pauses.

Inclinée et arrondie, ou plate ?

Même le philosophe Henry David Thoreau a reconnu que la question des chaises est épineuse. Elles mènent à toutes sortes de problèmes de santé. Mais c’est une discussion pour un autre jour.

Retenez pour l’instant qu’une chaise plate est préférable à une chaise inclinée ou arrondie.

Trouvez une chaise solide, plate et dure.

Sans les mains ! Une posture droite, avec la guitare en équilibre

La plupart des chaises sont faites d’une assise inclinée qui orientent leur utlisateur vers l’arrière. Elles incitent à s’affaler contre leur dossier, certaines exigent même de voûter le dos (nous en reparlerons) et de plier le coccyx.

Malgré l’attrait esthétique que représentent les chaises dont l’assise est arrondie, il est très difficile avec ces dernières de trouver une quelconque stabilité, et de distribuer son poids correctement (nous en reparlerons aussi).

L’une des façons d’atteindre plus de facilité dans notre jeu est de se servir de la colonne vertébrale comme d’un pilier, afin que nos muscles se sentent en sécurité, et parviennent à libérer toute tension lorsqu’ils ne sont plus en action. Ceci est plus difficile avec une chaise inclinée ou arrondie car les muscles doivent fonctionner en permanence pour compenser l’équilibre précaire.

Dans l’idéal, préférez donc une chaise plate et dure.

La hauteur parfaite

Certaines chaises sont simplement trop basses ou trop hautes pour votre morphologie.

Trouvez une chaise qui vous permette de vous asseoir avec les pieds à plat sur le sol, en face de vous. Vos cuisses devraient suivre une ligne parallèle au sol, ou alors être inclinées légèrement vers les genoux.

Certaines chaises sont simplement trop basses ou trop hautes pour votre morphologie.

Evitez les chaises qui placent vos genoux au-dessus de vos hanches, ou alors beaucoup plus bas que ces dernières. Sur ces chaises on tend à compenser en levant le talon ou en se tortillant d’une manière ou d’une autre.

Si aucune bonne chaise n’est disponible

Cela arrive, en particulier lorsqu’on joue hors de chez soi. Trop molle, trop basse, trop inclinée, les raisons peuvent être multiples.

Dans ce genre de situation, asseyez-vous le plus près du bord. Cette partie sera probablement très dure ainsi que plate.

Ceci est d’ailleurs possible aussi sur les chaises qui disposent d’accoudoirs. Même si cela paraît contre-intuitif, une chaise avec accoudoirs mais qui est dure et plate est un meilleur choix qu’une chaise sans accoudoirs mais qui n’offre aucune résistance.

A la rencontre de votre squelette

Sur le bord de la chaise, les genoux sous les hanches, les pieds au sol

Maintenant que vous avez trouvé une bonne chaise, il s’agit de s’asseoir sur sa partie avant, les pieds à plat au sol, devant vous.

Balancez-vous ensuite de gauche à droite. Vous devriez sentir que ce mouvement a pour base deux os (ischions), que nous allons apprendre à connaître.

Continuez ce mouvement pendant quelques minutes afin de bien vous familiariser avec cette nouvelle sensation. (Si vous trouvez cela étrange, sachez, si cela peut vous rassurer, que c’est une étape par laquelle les gens qui font du yoga passent aussi.)

Par exemple, si vous voûtez votre dos, et que votre estomac “recule”, alors votre poids ira sur l’arrière de vos ischions.

Si vous déplacez votre torse vers l’avant, le poids se déplacera vers l’avant des ischions.

Dans l’idéal, il faut être au milieu.

Ossature plutôt que musculature

La raison pour laquelle la recherche de cet équilibre est important est que, lorsque nous l’avons trouvé, la colonne vertébrale est droite et soutenue par la chaise, comme le pilier d’une maison.

Cette utilisation de la gravité en notre faveur permet de libérer la tension musculaire dans le torse (ce qui libère les épaules, puis les bras, puis les mains, etc.).

La colonne vertébrale est droite et soutenue par la chaise, comme le pilier d’une maison.

Dans notre quotidien nous tendons tous à n’utiliser que notre musculature afin d’atteindre différentes positions, comme si nous allions nous envoler ou tomber au sol si nous ne le faisions pas ! Mais cela est dû à une tension excessive et est équivalent à tuer une mouche avec un canon.

Vous aurez peut-être l’impression que cette nouvelle manière de vous asseoir droit et sur vos ischions vous demande en réalité un effort musculaire plus important que d’habitude. Cela est en réalité normal puisque les muscles en question ne sont pas développés.

Faites simplement des pauses régulières. A terme vous avez tout à gagner à suivre cette approche : plus de confort et une meilleure utilisation de l’énergie.

Mettez-vous à l’aise

Ne prenez pas votre guitare pour autant (c’est pour bientôt !). Mais amusez-vous avec cette nouvelle position, prenez un instant afin de simplement vous familiariser avec elle.

Levez ensuite vos bras comme si vous teniez une guitare.

Cherchez la manière la plus confortable d’y parvenir. Déplacez vos bras librement, et remarquez comme le poids sur vos ischions se répartit lorsque vous levez un bras, puis l’autre, puis les deux.

Parvenez-vous à déléguer encore plus de poids à la chaise, afin de libérer de la tension musculaire dans votre torse ? Que se passe-t-il lorsque vous libérez les muscles autour de vos yeux ou de votre visage ?

Prenez le temps de vous essayer à cet exercice. C’est un investissement de temps qui paiera à terme (et qui fait du bien !).

La guitare est un instrument doté d’une drôle de forme qui nécessite du musicien qu’il fasse en permanence des compromis et divers ajustements.

Quand on apprend à utiliser son corps d’une manière idéale sans la difficulté supplémentaire de l’instrument sur nos jambes, on apprend mieux comment sentir et libérer toute la tension excessive, ce qui se révèle utile lorsque nous jouons effectivement.

Et maintenant, comment tenir une guitare !

L’un des principes importants à respecter lorsque l’on tient une guitare est que le manche pointe vers le haut.

Le manche pointe vers le haut

Dans d’autres styles de musique que le classique, on voit couramment la guitare posée sur la jambe avec le manche vers le bas. Mais l’orientation vers le haut est une bien meilleure option.

Le manche pointe vers le bas

En effet, quand le manche est surélevé, la main et le bras gauches peuvent s’étendre et se déplacer plus librement. Le poignet gauche peut alors opérer dans une zone de confort, sans atteindre d’angle extrême (nous en reparlerons plus bas), ce qui permet à la main d’avoir un maximum de puissance, sans forcer.

Si c’est pour jouer une simple suite d’accords, alors cela ne changera pas grand chose ; mais aussitôt que votre jeu se complexifie (classique, jazz), les exigences pour la main gauche se multiplient.

Surélever le manche est une bonne option quelle que soit la jambe sur laquelle vous posez votre guitare. Que ce soit la position classique (guitare sur la jambe gauche), ou une autre position avec la guitare sur la jambe droite.

Le manche pointe vers le haut avec l’aide d’un repose-pieds

De quel angle surélever le manche ?

C’est une question de goût. En ce qui me concerne, j’aime que la mécanique de la grosse corde de Mi soit à la hauteur de mes yeux, ou un peu en-dessous.

Je connais des guitaristes qui préfèrent une position plus basse, ou plus haute. Si le manche est trop bas, cela influencera la manière dont les doigts de votre main droite attaqueront les cordes, ainsi que l’angle du poignet droit. Chaque paramètre doit donc être modifié en prenant compte de l’ensemble du système “guitare-joueur”.

J’aime que la mécanique de la grosse corde de Mi soit à la hauteur de mes yeux.

Prenez votre temps et essayez plusieurs options. Souvenez-vous simplement que si vous êtes habitué à jouer d’une manière, toute autre manière de jouer vous paraîtra étrange. Ne vous arrêtez pas à cette première impression. Cherchez plutôt à analyser votre position de manière objective (à l’aide d’un miroir) afin de voir si votre posture correspond plutôt à la liste des principes de base, ou à celle des choses à éviter (ces deux listes se trouvent ci-dessous).

Support de guitare

Afin que le manche de la guitare pointe vers le haut, les guitaristes classiques utilisent généralement un accessoire dédié.

Il y a différentes possibilités, chacune a ses avantages et inconvénients.

Le repose-pieds, par exemple, solution increvable utilisée depuis des décennies, voire des siècles.

On peut aussi penser à la sangle, généralement utilisée par les guitaristes élecriques et folk qui jouent debout ; mais que certains guitaristes classiques utilisent aussi en position assise.

Viennent ensuite les solutions récentes, utilisant des ventouses, aimants, et autres techniques de fixation. Certaines sont si simples qu’elles s’installent d’ailleurs simplement sur la jambe, sans aucune technologie particulière. Les inventeurs rivalisent de créativité afin de trouver la meilleure solution.

L’auteur de l’article propose alors plusieurs vidéos d’essai de différents supports de guitare, toutes en anglais, malheureusement.

Certains joueurs, comme Odair Assad, jouent sans support et placent simplement la guitare en équilibre sur leur jambe droite. Je ne suis pour ma part jamais parvenu à me sentir à l’aise dans cette position, mais elle a l’avantage de ne nécessiter aucun accessoire.

Les frère Assad (dont je suis fan) : Odair (à gauche) avec la guitare en équilibre sur sa jambe droite, et Sergio (à droite) avec un repose-pieds élevé.

Principes de base

En raison du nombre d’heures que nous passons à jouer de la guitare, il n’est pas superflu de convenir d’un manifeste de points à respecter (ou que l’on souhaite à terme respecter).

Par exemple :

La sûreté

Il est important d’avoir la conviction que ni notre corps ni notre guitare ne vont chuter (ou s’envoler !).

Cela paraît évident, et pourtant beaucoup de guitaristes (les débutants en particulier) ne sont pas à l’aise car ils ont peur d’endommager la guitare. Ils prennent pour habitude de :

  • tout le temps tenir le manche : l’index de leur main gauche ne lâche jamais la touche, ou
  • étreindre la guitare avec la main droite : leur petit doigt retient la guitare au niveau du chevalet.

Afin de jouer avec aisance, il est impératif d’avoir une position sûre. Sinon ce manque de sûreté sera toujours un obstacle sur le chemin de votre expression musicale.

Nous avons déjà survolé ce point dans la partie concernant le choix d’une chaise. Une bonne chaise vous aidera grandement à atteindre cet objectif.

L’ossature assume le poids du corps

Comme discuté plus haut, si notre colonne vertébrale sert de pilier à notre dos droit, plutôt qu’une partie de nos muscles soient contractés à cet effet, alors nous sommes libres de faire des mouvements aisés, et parvenons mieux à juger la tension exacte à utiliser pour chaque geste.

Ceci est très important et vaut la peine d’être entraîné. Mettez un post-it là où vous jouez afin de toujours vous en souvenir, ou, mieux encore, jouez en face d’un grand miroir afin d’évaluer en permanence ce que vous faites.

Liberté de mouvement

Si vous vous projetez dans le futur, et que vous êtes alors un guitariste de renom, qui joue avec beauté, puissance, grâce, que vous êtes agile, rapide, et capable de réaliser techniquement tout ce que votre répertoire exige (excellentes croyances à avoir dès aujourd’hui, soit dit en passant !), vous verrez alors aussi une splendide liberté dans vos mouvements.

C’est ce que l’on voit aussi chez les très bons danceurs, qui possèdent toutes ces qualités, et chez qui la liberté de mouvement est particulièrement visible.

Cela signifie que quel que soit le geste qu’ils ont à réaliser, à tout moment ils sont capables de le faire, et ce sans “subir” leur position présente.

Les mouvements libres font du bien !

Les articulations sont libres de toute tension. Les muscles répondent rapidement et en harmonie les uns avec les autres. Le corps est un tout.

Quand nous jouons de la guitare, en revanche, il est très facile de rester bloqué dans une position. Pour voir à quel point vos bras, par exemple, sont libres, jouez un morceau tandis que vous faites des aller-retours du chevalet aux dernières frettes du manche avec la main droite. Votre épaule suit-elle avec fluidité et sans effort ? Ou est-elle au contraire grippée et vous donne l’impression que vous allez faire une erreur si vous bougez trop ?

(Tout ceci a bien entendu pour base une bonne position assise, ainsi qu’une attention permanente à nos mouvements pendant que nous travaillons. Un état d’esprit curieux et bon enfant à ce sujet permet de progresser à long terme.)

Angles moyens

Les angles extrêmes limitent les mouvements possibles. Les angles moyens, en revanche, permettent le maximum de possibilités, à tout moment.

Si votre bras est entièrement droit, il n’y a qu’un axe sur lequel il peut se déplacer.

L’angle idéal pour toute articulation est à mi-chemin entre ses deux extrêmes.

Si votre poignet est dans une position trop brisée, alors vous aurez moins de force et risquez de vous blesser.

L’angle idéal pour toute articulation est à mi-chemin entre ses deux extrêmes. Cette zone de confort permet la gamme de mouvements la plus vaste, et ce avec une pression moindre sur les articulations.

Relâchement des jambes

Ce point est plus avancé et la plupart des guitaristes n’en sont pas au stade auquel ils peuvent l’essayer, mais le voici malgré tout.

Une fois que votre dos est libéré de toute tension, car tenu par la colonne, vous pouvez aussi libérer vos jambes de vos hanches.

Il s’agit ici d’un laisser-aller plutôt que d’un mouvement à réaliser. Si vous cessez de retenir vos jambes vers vos hanches, et les laissez “partir”, alors elles se relâcheront.

Lorsque vous y parvenez, cela libère encore plus les muscles des fesses, ce qui a un effet positif supplémentaire sur le dos.

Il paraît cocasse que les jambes aient un quelconque effet dans les tensions musculaires des bras, poignets et mains, mais je peux vous assurer que c’est une différence flagrante.

Afin de parvenir à éprouver cette sensation, essayez-la d’abord sans votre guitare. La concentration nécessaire à maintenir cet état pendant que l’on joue est énorme. (Pour ma part, j’y travaille encore.)

Bien-être intégral

Pourquoi pas ? Quitte à passer autant de temps à jouer de la guitare, autant que ce soit plaisant, non ?

Ce point est à double-tranchant, cela dit.

La quête du bien-être est à double-tranchant.

En effet, on se sent toujours bien lorsque que l’on reste dans notre zone de confort, quelle qu’elle soit. C’est le pouvoir de l’habitude : même si nous savons qu’un changement particulier est bon à long terme, notre tendance naturelle sera de le refuser dans un premier temps.

Si vous prenez un bossu et le forcez à se tenir droit, il ne se sentira pas confortable du tout, quand bien même il est clair aux yeux de tout le monde que sa position est meilleure.

Nos impressions ne sont donc pas un indicateur fiable. Nous ne devrions pas faire confiance à nos émotions, pas systématiquement en tout cas.

Il faut donc rechercher le confort. Mais le plus important est de s’asseoir de la manière décrite ci-dessus, ainsi que de suivre des principes objectivement bons. (Et de faire des pauses quand cela ne va plus.)

Il ne faut pas croire naïvement le ressenti immédiat mais le considérer pour ce qu’il est : une indication temporaire. Il faut s’attendre à ce que notre perception change dans la durée.

Il y a donc une part de doute, qu’il faut accepter avec philosophie.

Arrêtons donc de faire les gestes dont nous savons qu’ils ne nous apportent aucun confort ni stabilité à long terme (voûter le dos, tendre le cou, etc.). Et ayons le confort pour mot d’ordre : nous voulons nous sentir libre, avoir de la facilité, ainsi qu’un grand potentiel.

De bonnes ondes

Lorsque vous êtes dans un état d’esprit positif ainsi que dans une bonne forme physique, vous êtes plus impliqué et prenez plus de plaisir.

Vous êtes alors détendu, concentré, et disponible. Alerte et dans l’instant présent.

Une bonne séance de travail se compose de temps, d’énergie et d’attention. En la démarrant avec une attitude positive, votre temps est mieux investi, vous apporte plus de plaisir, et permet à votre attention d’opérer pleinement.

Une bonne séance de travail se compose de temps, d’énergie et d’attention.

Les antonymes sont : déconcentré, fatigué, ennuyé, blasé, indifférent, surchargé, ou frustré.

Gardez une attitude optimiste et apportez enthousiasme ainsi que curiosité lorsque vous travaillez. La guitare est un instrument merveilleux, et en jouer permet toutes sortes d’explorations. Si un sujet en particulier ne vous intéresse pas à un moment donné, passez simplement à un autre !

Erreurs à ne pas commettre lorsque l’on tient une guitare

Il y a certains erreurs fréquentes que vous reconnaitrez peut-être. Si vous souhaitez réellement obtenir la meilleure posture possible, travaillez devant un miroir. De cette manière, vous verrez objectivement ce que vous faites. (Ce qui n’est pas toujours ce que l’on croit !)

Voici plusieurs situations à éviter :

Cambrer le dos

Guitariste qui cambre le dos

Cambrer le dos désaxe votre colonne, ce qui créé plus de tension pour les muscles du dos, des jambes, des épaules et de la nuque.

Quand vous cambrez le dos, le poids va vers l’avant des ischions, ce qui fait travailler le cou ainsi que les épaules afin de compenser. Les muscles les plus importants des jambes s’impliquent aussi, ce qui ajoute de la tension inutilement.

La plupart des gens le font systématiquement quand ils s’asseient, sans même s’en rendre compte, qu’ils jouent de la guitare ou non.

(Ce qui fut mon cas pendant des années, et même aujourd’hui je dois y faire attention.)

Voûter le dos

Guitariste qui voûte le dos

C’est l’une des habitudes les plus courantes. Après quelques minutes passées assis, les épaules s’abaissent doucement mais sûrement, jusqu’à ce que le guitariste soit complètement voûté et ressente des douleurs dans le dos.

Comme mentionné plus haut, il faut utiliser sa colonne comme un pilier auquel les muscles s’accrochent.

Quand le dos se voûte, la réaction naturelle est de reculer la tête, ce qui brise la ligne naturelle de la colonne vertébrale au profit d’une forme en S (tête - cou - dos).

Si par-dessus le marché vous vous penchez (cf. ci-dessous), alors vous risquez la scoliose, ou du moins énormément de tension et d’inconfort tout à fait évitables.

Pencher à gauche

Guitariste qui penche à gauche

La plupart des gens qui se penchent ne s’en rendent pas compte. D’où l’importance de parfois s’enregistrer avec une caméra lorsque l’on joue.

Ce qu’il se passe est que le guitariste regarde naturellement le manche de l’instrument et se penche vers la gauche (s’il est droitier). La jambe gauche se tend, ce qui accentue la torsion du bassin.

Plus la concentration sur la main gauche prend de l’ampleur, plus la tension augmente dans les jambes, dans les fesses, et plus le poids se déplace vers la gauche. Ce qui aboutit au final à une position très mauvaise.

Votre poids est déjà réparti de manière assymétrique lorsque vous jouez de la guitare (en raison de la forme de l’instrument). Il est important de garder cela à l’esprit et de faire attention à ne pas exagérer ce problème sans s’en rendre compte.

Tendre le cou

Guitariste qui tend le cou

L’espèce humaine favorise la vue en tant que sens dominant. Pour les baleines, c’est le son. Pour les chiens, l’odorat. Mais pour nous, la vue.

L’une des meilleures aptitudes à développer pour un guitariste est de parvenir à jouer sans regarder le manche.

Notre physiologie et neurologie (en gros, notre corps) sont capables de gérer la plupart des déplacements, sauts, etc. bien mieux que notre très pointilleux binôme yeux - cerveau.

On regarde tant le manche car on ne se fait pas confiance, on ne se sent pas capable de réaliser les gestes nécessaires. Si nous apprenons à nous détendre et acceptons l’éventualité de faire des erreurs, nous améliorons la probabilité d’obtenir d’excellents résultats.

Etant donné que les frettes sont visibles pour le spectateur et non le guitariste lui-même, il existe deux manières de voir le manche :

  1. tourner la guitare face à vous. Vous n’avez alors plus aucune chance d’avoir une utilisation saine de votre poignet gauche, mais certains le font.
  2. tendre le cou de manière à ce que la guitare continue à être plus ou moins droite et que vous puissiez en même temps voir ce qu’il se passe.

Vous l’aurez compris, ces deux options sont mauvaises. Ayez plutôt le courage d’apprendre à vous repérer “à l’aveugle”, en fonction des distances entre les notes et les cordes par rapport aux doigts.

Par ailleurs, afin de compenser lorsque le cou se tend, il est possible que vous développiez l’habitude de vous tortiller excessivement, ce dont il faut aussi se méfier.

Il est bien entendu nécessaire d’investir du temps afin de changer ces habitudes. Mais mieux vaut s’y mettre le plus tôt possible, car si vous attendez trop, il n’est pas impossible que cela se termine en blessure, ce qui sera aussi très douloureux (au sens propre comme figuré).

Rigidité chronique

On pourrait aussi parler de tension excessive généralisée.

Comme dit plus haut, la guitare est un engin doté d’une drôle de forme à laquelle nous devons nous adapter au travers d’une multitude de microscopiques compromis. Ce n’est pas pour autant que l’on arrêterait de jouer !

En particulier pour les débutants, mais les joueurs plus expérimentés ne sont pas forcément exempts de cette habitude, il y a la tendance à se tendre et à rendre le simple fait de tenir une guitare beaucoup plus compliqué qu’il ne l’est réellement.

Il est vrai que la plupart d’entre nous utilisons trop de force pour absolument tout. Que ce soit pour se lever d’une chaise, nous brosser les dents ou tenir un crayon, nous utilisons beaucoup plus de force musculaire et de tension qu’il n’en faut en réalité.

(Pour ma part je tiens les crayons comme si j’allais m’en servir pour faire des trous dans une plaque métallique. C’est une habitude contre laquelle je ne peux rien.)

A la guitare, l’équation inclut des angles complexes, une assymétrie du corps, une synchronisation entre les deux mains, et plein d’autres paramètres (sans parler de l’implication mentale que la musique classique exige).

Il n’est donc pas étonnant que l’on se bloque, avec un tel cahier des charges. Il est toutefois malheureux que l’on ne s’en rende pas consciemment compte. A notre insu nous :

  • serrons les orteils
  • levons les talons
  • tendons les biceps
  • bloquons les épaules
  • serrons le sphincter
  • impliquons les quadriceps (cuisses)
  • plissons les yeux
  • serrons les lèvres
  • tendons la langue
  • tirons nos oreilles vers l’avant
  • fronçons les sourcils
  • verrouillons notre torse (respirez !)
  • et tirons le frein à main de plein d’autres manières

Cela ne veut pas dire que nous devons au contraire être mou et passif.

L’objectif est que pour chaque action nous utilisions le niveau adéquat de tension. En général, nous en utilisons trop, et pas aux bons endroit (Avez-vous vraiment besoin de grimacer pour déplacer votre index d’un centimètre ou deux ?)

Comment réduire la tension excessive

Afin d’être moins tendu lorsque l’on joue, il est capital d’être attentif à la tension utilisée durant le cours de toute notre journée, lors de tâches simples et répétitives. Au moment de jouer, il y a déjà trop de paramètres à prendre en compte.

Ainsi je vous conseille de rechercher une façon plus zen de vous laver les dents ou d’utiliser une fourchette. Prenez conscience des niveaux de tension dans votre visage et vos mains lorsque vous ne faites rien d’autre que d’être assis (devant la télé, dans une salle d’attente, à un feu rouge, etc.).

C’est un processus à long terme. Il faut remettre l’ouvrage sur le métier jour après jour. Mais l’avantage est une diminution du stress, une capacité plus grande à être dans l’instant présent, et plus de facilité à la guitare !

Vous pouvez aussi, avant de commencer à jouer, prendre quelques minutes afin de devenir plus conscient de vos muscles et fixer pour objectif d’utiliser uniquement la tension nécessaire aux mouvements que vous allez réaliser. Vous pouvez le faire en vous échauffant avec l’instrument, ou sans l’instrument.

Vous pouvez aussi…

Vous observer et faire des pauses

J’adore travailler en séances courtes mais intenses. Ces pauses fréquentes permettent de comparer le niveau de tension à la fin de la séance par rapport au début, et de la libérer avant de recommencer.

En particulier lorsque l’on commence à s’asseoir de cette nouvelle manière, ou lors de tout changement de position, il n’est pas impossible que les muscles se fatiguent.

Comme dit plus haut, cela signifie que les “bons” muscles se développent, et pas nécessairement que vous faites fausse route.

Courte pause en position allongée

Pause détente en position allongée

Si votre dos venait à fatiguer en raison de cette posture dans laquelle votre colonne, qui repose sur vos ischions, supporte votre tronc, voici une pause que vous pouvez faire pour vous reposer. Elle promeut en effet un bon fonctionnement du corps, et encourage les muscles à se détendre.

  1. couchez-vous sur le dos par terre (ou sur toute autre surface dure)
  2. servez-vous d’un ou plusieurs livres pour soutenir votre tête. (Un coussin est trop mou. La dureté des livres permet aux muscles du cou de se détendre, et leur hauteur permet de suivre la courbe naturelle de la nuque. Essayez plusieurs livres pour trouver la bonne hauteur.)
  3. pliez vos jambes de manière à ce que vos genoux pointent vers le plafond, les pieds à plat au sol
  4. si vos jambes fatiguent, appuyez vos genoux l’un contre l’autre
  5. concentrez-vous sur chaque partie du corps une par une et libérez la tension
  6. restez concentré ! (il ne s’agit pas ici de rêvasser, cette pause fait partie intégrante de votre séance de travail)
  7. roulez-vous sur le côté et utilisez les bras pour vous lever

Vous pensez peut-être que cela s’éloigne trop du sujet initial qui était de tenir correctement une guitare, mais en réalité la quête d’une bonne posture est un processus de longue durée.

Utiliser sa guitare, c’est utiliser son corps. Comme dans toute quête, l’atteinte de la perfection réside dans une compréhension de plus en plus pointue des détails.

Bref résumé

Pour résumer très rapidement tout ce qui a été vu :

  1. Trouvez une bonne chaise Trouvez une chaise dure et plate qui permette à vos pieds d’être à plat sur le sol ainsi qu’à vos cuisses d’être parallèles au sol ou légèrement inclinées vers le bas (mais pas vers le haut)
  2. Asseyez-vous au bord Et ne reculez pas. Si vous fatiguez vous pouvez faire des pauses le temps de développer votre endurance.
  3. Trouvez vos ischions en vous déplaçant de gauche à droite avec la tête haute et le dos droit. Répartissez votre poids sur ces derniers.
  4. Surélevez le manche de votre guitare Un manche surélevé permet aux deux mains de travailler plus facilement, ainsi que de rester droit plutôt que de vous affaler. Un support pour guitare peut s’avérer utile.
  5. Faites des pauses et contrôles Faites des pauses fréquentes afin que votre dos se repose et que vous repartiez avec une attention optimale.
  6. Soyez attentif aux erreurs fréquentes Si vous le pouvez, jouez devant un grand miroir et regardez-vous fréquemment afin de voir ce que vous faites réellement.
  7. Expérimentez en permanence Comme des poupées russes, votre ressenti vis-à-vis du fonctionnement de votre corps en rapport avec votre guitare évoluera avec le temps. Amusez-vous lors de cette exploration !

Qu’en pensez-vous ?

Avez-vous trouvé dans cet article une idée qui a débloqué un aspect de votre jeu ? Avez-vous eu par le passé un problème qu’une nouvelle position assise pourrait aider à résoudre ? Discussons-en dans les commentaires ci-dessous !

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