j’ai récemment participé à une master class donnée par Camille Bertault, une incroyable chanteuse de jazz. Camille a de multiples talents : elle compose, elle écrit elle-même les paroles en français des morceaux qu’elle reprend, elle improvise, elle joue du piano, etc.

(On appelle master class la rencontre entre un “maître” musicien et des élèves avancés qui jouent un morceau chacun à leur tour. C’est un moment privilégié où l’on apprend des détails sur le parcours de l’artiste et sa manière de penser sa musique.)

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Ce qui m’a frappé à cette occasion est une chose très simple, et pourtant qui a l’avantage de tout résumer. Ce n’est pas dans le CV de Camille que j’ai brièvement présenté plus haut que se trouve le plus important. C’est dans sa capacité à mettre son cœur au service de chaque note.

Je m’explique. Afin de montrer au public un exemple de ce qu’elle décrivait, Camille a demandé à son pianiste de jouer une grille du blues, afin qu’elle improvise. Elle a alors pris son micro, et démarré son improvisation par une première phrase.

Pour ma part, je suis tombé de ma chaise, déjà à la première note. En une seule note, la messe était dite : son excellence, sa musicalité, sa sensibilité, tout était présent dans cette seule note. La justesse était parfaite, sa voix était légèrement en retard, sa texture pure était mélangée à un soupçon de “grattement”, qui permettait de faire rentrer tout le monde dans ce blues en quelques millisecondes.

Je n’ai malheureusement pas d’enregistrement de ce moment, et d’ailleurs cet exemple s’applique difficilement au piano ou à la guitare où la justesse et la texture sont des sujets moins centraux. Mais j’espère que cela t’évoquera des souvenirs ou t’invitera à être plus attentif aux “premières notes” des musiciens que tu écoutes.

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