Ne pas faire (trop) confiance à son oreille
aujourd’hui, intéressons-nous à un mécanisme à double tranchant du corps humain, je veux parler de l’habitude. L’habitude est la capacité qu’a le corps à s’adapter quelle que soit la situation afin d’éviter les changements brusques.
Prenons un exemple parlant : admettons que vous preniez un bossu et que vous lui donniez un coup qui lui redresse le dos. Aux yeux de tous, sa posture sera meilleure. Mais son propre système sera complètement déstabilisé, et la tendance de son corps sera de refuser ce changement, et de revenir petit à petit à la posture bossue.
En musique, c’est l’oreille qui est trop laxiste. Quand on joue quelque chose d’imprécis voire même de faux, pour peu qu’on le fasse assez souvent, l’oreille s’y habitue. Elle se met à entendre ce que le cerveau voudrait entendre. Le problème, c’est que ce conditionnement favorable n’est pas partagé par le public.
Dans de rares circonstances, la raison reprend le dessus. Par exemple, si l’on s’enregistre, que l’on laisse passer deux jours, et que l’on se réécoute, alors on peut avoir une impression plus neutre. Ou parfois si l’on pratique à un autre endroit, à un autre moment de la journée, etc. Bref, si l’on s’écarte de l’habitude.
Dans ce genre de cas, de minces objections peuvent se faire entendre. Ca ne dure qu’une fraction de seconde, mais on se dit : “tiens, c’est pas un peu bizarre ça ?”, “est-ce que j’ai repiqué le bon accord ?”, “est-ce que j’ai pas un problème de rythme ?”, etc.
Ces occasions, il faut leur donner une importance capitale, ne surtout pas les laisser passer. S’arrêter immédiatement, noter ce qui ne va pas, réfléchir, remettre le bleu de travail. Autrement, la mauvaise habitude sera définitivement intégrée.